CELESTE BOLLACK

Du 8 septembre au 2 octobre, la Galerie AVM présente « La pièce manquante », gravures et collages de Céleste Bollack, évènement qui marque son retour en exposition personnelle, met en lumière son talent de graveur, et consacre dans le même temps dix années de collaboration continue avec sa galerie. 

Plus d’une trentaine d’oeuvres sur le thème de la pièce manquante, un vide, un creux en nous, dans notre vie, cette absente de notre puzzle avec laquelle composer, et qui, aussi, nous constitue. 

Ce thème s’inscrit de façon très cohérente dans l’oeuvre de Bollack, qui n’a jamais cessé de transcrire sur toile ou sur papier, du noir le plus profond des gravures aux couleurs éclatantes des peintures, l’étrangeté d’un quotidien peuplé d’elle-même et des siens, figures familières et insondables, où tout un chacun peut cependant percevoir le reflet de sa propre humanité, de ses fragilités.

"Alors surgissent l'inattendu et la magie ..."

"C’est un homme de dos qui marche sur une voie ferrée, c‘est une enfant qui dort, un homme sous la douche, une femme devant sa bibliothèque. Chacun d’eux, dans sa vie, dans son être, a un trou, un manque, un vide avec lequel il lui faut composer. C’est la pièce manquante. Dans ses gravures Céleste Bollack la symbolise par une pièce de puzzle. L’artiste marque ainsi ses personnages au fer rouge et dans un même mouvement les libère et nous montre le chemin. Car la pièce manquante en côtoie d’autres et de manière improbable s’assemble avec elles. Alors, surgissent l’inattendu et la magie. C’est un patchwork de fleurs rouges et mauves qui réhausse le noir d’une vie et d’un visage trop lisse, c’est le bleu d’une nuit de songes porté par des oiseaux qui transcende un destin. La pièce manquante devient maitresse et illumine nos vies." 

Émilie Lançon 

Corps, visage, accessoire

"Une salle d’eau et d’ondes contraires... Entrer dans cette pièce, chaque matin, c’est, en même temps que ses vêtements, déposer par terre tous ses faux-semblants et accepter de se regarder en face. Nu, devant ce miroir sans concession, grossissant à loisir nos fiertés comme nos manques. Planté en une proie offerte et résignée devant ce portrait de nous, encadré comme une diapositive, on finit toujours par y penser à ce petit quelque chose qui fait défaut à notre image !

Cette pièce absente et maîtresse, que l’on imagine de plus en plus prégnante à mesure qu’élixirs de jeunesse et lame du rasoir glissent sur une peau encore docile, c’est l’inachevé, le bâclé, des rendez-vous manqués...et la vie qui défile au rythme de ses imperfections... c’est aussi : « combien de temps encore pour se rattraper ? » L’espoir qui renaît quand apparaît ensuite un visage qui plaît. Nous en mieux, sans poil, grimé, ravalé, révélé, qui sait ? Alors ce qui faisait défaut devient trophée, beauté insoupçonnée...dans ce miroir embué...la singularité qu’il nous manquait.

Marie Micouleau-Masuyer